Il n'est pas surprenant qu'aujourd'hui nous découvrions les traces des communautés dont le Coran nous dit qu'elles ont été détruites. L'archéologie vient confirmer le fait que plus une communauté disparaît brusquement, plus il est probable que nous puissions exhumer certains de ses vestiges.
Dans le cas de la disparition soudaine d'une civilisation, par exemple suite à un cataclysme naturel, ou à un exode massif pour cause de guerre, les traces de la civilisation en question pourront être bien mieux préservées. Les maisons et les outils de la vie quotidienne sont en effet recouverts par la terre en un laps de temps assez court; ils se trouvent ainsi préservés pour de très longues périodes, non altérés par la main des hommes, et ils fournissent des renseignements abondants sur le passé lorsqu'ils sont mis à jour par les archéologues.
C'est ainsi que de nombreuses traces du déluge de Nuh ont été découvertes de nos jours. On estime que cette catastrophe remonte environ au 3ème millénaire avant Jésus-Christ, toute une civilisation a disparu brutalement et plus tard une toute nouvelle civilisation a vu le jour à sa place. Les preuves du déluge ont donc été préservées pendant des milliers d'années, pour nous servir d'avertissement.
Nombreuses ont été les recherches menées dans les plaines de Mésopotamie afin d'en savoir plus sur le déluge. Ainsi, les vestiges de quatre grandes cités ont permis de révéler les traces de ce qui a été une inondation majeure. Ces cités étaient les plus grandes de Mésopotamie: Ur, Erech, Kish et Shuruppak.
Ces quatre villes auraient été submergées par les eaux vers le 3ème millénaire avant Jésus-Christ.
Examinons d'abord le cas des fouilles menées dans la cité d'Ur.
Les plus anciens vestiges d'une civilisation mis à jour lors des fouilles menées dans cette cité, sur laquelle est bâtie la ville actuelle de "Tell al-Muqayyar", remontent à près de 7000 ans avant Jésus-Christ. Plusieurs cultures se sont succédées dans cette région où diverses populations se sont installées au cours de l'histoire.
Les archéologues ont réussi à montrer qu'une rupture de civilisation s'est produite suite au déluge, et qu'ensuite de nouvelles civilisations ont émergé plus tard. R. H. Hall, du British Museum, a entrepris les premières fouilles en ce lieu. Leonard Woolley, qui assuma la direction des fouilles après Hall, dirigea des recherches communes entreprises conjointement par le British Museum et l'Université de Pennsylvanie. Les fouilles conduites par Woolley, et qui eurent un retentissement mondial, durèrent de 1922 à 1934.
Les fouilles de Sir Woolley se sont déroulées au milieu du désert entre Bagdad et le Golfe Persique. Les fondateurs de la cité d'Ur étaient un peuple venu du Nord de la Mésopotamie et qui se surnommaient eux-mêmes "Ubaidiens". Assez rapidement, des informations furent rassemblées sur ce peuple. Les découvertes réalisées par Woolley sont ainsi décrites par l'archéologue allemand Werner Keller:
"Les tombes des rois d'Ur", c'est ainsi que Woolley, grisé par sa joie de les avoir découvertes, avait surnommé les tombes de nobles Sumériens dont l'authentique splendeur avait été exposée au grand jour lorsque les pioches des archéologues avaient attaqué un tumulus à quinze mètres au sud du temple, permettant de mettre à jour une longue rangée de tombes surmontées de pierres. Ces caveaux de pierre renfermaient de véritables trésors, car ils étaient remplis de gobelets coûteux, de cruches et de vases magnifiquement façonnés, de vaisselle de bronze, de mosaïques de perles, de lapis-lazuli et d'argent entourant ces corps moisis dans la poussière. Des harpes et des lyres reposaient adossés aux murs. Il écrivit plus tard dans son journal personnel: "Presqu'immédiatement des découvertes furent réalisées, qui confirmèrent nos hypothèses. Directement sous le sol d'une tombe royale, nous avons trouvé de nombreuses tablettes en argile au milieu de cendres de bois brûlé, qui comportaient des caractères d'un type beaucoup plus ancien que celui des caractères figurant sur les tombes. À en juger par la nature de l'écriture, ces tablettes pourraient remonter à environ 3000 ans avant Jésus-Christ. Elles seraient donc antérieures de deux ou trois siècles à celles des tombes."
Les puits de fouille devinrent de plus en plus profonds. De nouvelles couches, comportant des fragments de jarres, de poteries et de bols, continuèrent à être exhumés. Les experts remarquèrent que les poteries changeaient peu d'une couche à l'autre. Elles avaient exactement la même apparence que les vestiges trouvés dans les tombes royales. Par conséquent, il semblait que pendant des siècles la civilisation sumérienne n'avait pas subi de changement radical. Ainsi ils avaient atteint très tôt un niveau de développement étonnamment élevé.
C'est alors qu'après plusieurs jours de travail les ouvriers de Woolley appelèrent ce dernier: "Nous avons découvert une nouvelle couche." Il se rendit au fond du puits pour en avoir le cœur net. Sa première pensée fut: "Nous y sommes enfin." Il s'agissait de sable, de sable pur d'un genre qui ne pouvait avoir été déposé que par de l'eau.
Ils décidèrent de continuer à creuser le puits encore plus profondément. Les pelles et les pioches retournèrent de nouveau le sol: un mètre, deux mètres, et toujours la même couche de vase pure. Soudain, à trois mètres de profondeur, la couche de vase cessa aussi brutalement qu'elle avait commencé: de nouvelles traces d'un habitat humain venaient d'être mises en évidence; mais la qualité de la poterie s'était considérablement altérée. Ici, elle avait été fabriquée par les seules mains de l'homme, sans instruments. On ne trouva aucune présence de métal. Les seuls outils exhumés là étaient de très primitifs silex taillés. Ils remontaient sans doute à l'Âge de pierre!
Le déluge était la seule explication possible de ce grand dépôt d'argile découvert sous cette colline à Ur, qui séparait clairement deux époques de civilisation humaine. La mer avait laissé ses traces indélébiles sous la forme de petits organismes marins incrustés dans la boue.4
Les analyses microscopiques ont révélé que ce grand dépôt de boue argileuse sous la colline d'Ur s'est accumulé à la suite d'une submersion si forte que toute l'ancienne civilisation sumérienne a dû être emportée. L'épopée de Gilgamesh et l'histoire de Nuh se trouvaient ainsi réunies dans ce puits creusé profondément sous le désert iraqien.
Max Mallowan a rapporté les pensées de Leonard Woolley, qui a dit qu'une aussi énorme masse d'alluvions formée en une seule fois ne peut être le résultat que d'une gigantesque inondation. Woolley a également décrit la couche séparant la cité sumérienne d'Ur de la cité d'Al-Ubaid, dont les habitants utilisaient de la poterie peinte, comme étant un vestige de déluge.5
Ces recherches ont ainsi permis de montrer que la cité d'Ur s'est trouvée au cœur du déluge. Werner Keller a exprimé l'importance des excavations susmentionnées en disant que la mise à jour des restes d'une cité sous une couche de boue prouve qu'une inondation dévastatrice a eu lieu à cet endroit.6
Une autre cité mésopotamienne porteuse des traces du déluge est "Kish des Sumériens", qui correspond à la ville actuelle de Tall Al-Uhaimer. Selon d'anciennes sources sumériennes, cette cité a été le "berceau de la première dynastie post-diluvienne".7
La cité de Shuruppak, au sud de la Mésopotamie, qui correspond à la ville actuelle de Tall Fa'rah, recèle aussi des traces apparentes d'un déluge. Les études archéologiques dans cette cité ont été menées par Erich Schmidt, de l'Université de Pennsylvanie, entre 1920 et 1930. Des fouilles ont permis d'y mettre à jour trois couches porteuses de restes d'habitations appartenant à une période comprise entre la lointaine préhistoire et la troisième dynastie d'Ur (2112-2004 avant Jésus-Christ). Les découvertes les plus significatives ont été les ruines de maisons bien construites ainsi que des tablettes portant des caractères cunéiformes et à caractère administratif, indiquant qu'une société hautement développée existait déjà là vers la fin du 4ème millénaire avant Jésus-Christ.8
Ce qui est important, c'est que le désastre du déluge semble s'être produit dans cette cité vers 3000-2900 avant Jésus-Christ. D'après ce qui a été rapporté par Mallowan, Schmidt a atteint, à 4-5 mètres sous la terre une couche jaunâtre (formée par le déluge) composée d'un mélange de sable et d'argile. Schmidt a défini cette couche argilo-sableuse, qui datait de l'époque de l'Ancien Royaume de Cemdet Nasr, comme étant "d'origine fluviale", et devant être associée au déluge de Nuh.9
Probablement, la cité de Shuruppak fut aussi affectée que les autres cités par le déluge, et les indices découverts le font donc remonter au début du 3ème millénaire avant Jésus-Christ.10
Le dernier endroit qui semble avoir été affecté par le déluge est la cité d'Erech, au sud de Shuruppak, connue aujourd'hui sous le nom de Tall Al-Warka. Une couche de boue y a été mise en évidence, à l'instar des autres cités, dont l'ancienneté est semblable aux autres couches du même type découvertes ailleurs.11
Il est un fait bien connu que le Tigre et l'Euphrate traversent la Mésopotamie d'un bout à l'autre. Il semble que, durant les événements diluviens, ces fleuves ainsi que de nombreux points d'eau et rivières débordèrent et que, ces eaux s'ajoutant aux eaux de pluie, cela engendra une catastrophe sans précédent. Allah décrit dans le Coran cette conjonction des eaux:
Nous ouvrîmes alors les portes du ciel à une eau torrentielle, et Nous fîmes jaillir de la terre des sources. Les eaux se rencontrèrent d'après un ordre qui était déjà décrété. (Surat al-Qamar: 11-12)
Lorsque les causes secondaires du déluge sont examinées une par une, toutes apparaissent comme étant des phénomènes tout à fait naturels. Ce qui a rendu l'événement extraordinaire, c'est leur occurrence simultanée, et faisant suite justement aux avertissements lancés par Nuh.
L'établissement en différents lieux de preuves relatives à l'existence du déluge a permis d'estimer la superficie affectée par le désastre: environ 160 km d'ouest en est, sur 600 km du nord au sud. Cela revient à dire que toutes les plaines mésopotamiennes ont été touchées. Lorsque nous citons les cités de Ur, Erech, Shuruppak et Kish dans cet ordre-là, nous nous apercevons qu'elles sont situées le long d'une même route. Par conséquent, les environs de ces villes ont dû être également inondés. Il faut par ailleurs noter que vers 3000 avant Jésus-Christ, la structure géographique de la Mésopotamie différait de celle d'aujourd'hui; à cette époque-là, le lit de l'Euphrate passait plus à l'est que de nos jours, et cet ancien cours passait à proximité des quatre cités susmentionnées. Avec l'ouverture des "sources de la terre et du ciel", il semble que le fleuve Euphrate soit sorti de son lit et ait pu détruire ces villes.
Religions et cultures mentionnant le déluge
L'existence du déluge a été mentionnée à presque tous les peuples par l'intermédiaire des prophètes communiquant la religion de vérité, mais ce fait historique a été ensuite transformé en légendes par ces différentes communautés, qui ont corrompu l'histoire et effectué des ajouts.
Allah a communiqué aux humains des informations concernant le déluge de Nuh par l'intermédiaire de Ses messagers et livres, suscités auprès de diverses communautés à titre d'exemple et d'avertissement. Cependant, à chaque fois que les textes divins ont été altérés, les descriptions du déluge se sont trouvées entremêlées d'apports mythologiques. Seul le Coran résiste à l'épreuve des faits empiriquement observables. Et ce parce qu'Allah est le gardien de ce Livre, le préservant de toute corruption et ne permettant pas que même le plus petit changement y soit apporté. Le Coran est ainsi placé sous la protection spéciale d'Allah:
En vérité c'est Nous qui avons fait descendre le message, et c'est Nous qui en sommes le Gardien. (Surat al-Hijr: 9)
Dans la dernière partie de ce chapitre relatif au déluge, nous allons voir comment cet événement a été décrit, bien qu'avec plusieurs déformations, dans différentes cultures ainsi que dans les Ancien et Nouveau Testaments.