25 Mart 2010 Perşembe

PREFACE

Cela fait partie des nouvelles des cités, Nous te les rapportons. Il en est qui sont encore debout et il en est qui sont fauchées. Et Nous n'avons nullement été injustes envers eux mais ils l'ont été envers eux-mêmes et leurs divinités qu'ils invoquaient en dehors d'Allah ne leur ont été d'aucun secours lorsque l'arrêt de ton Seigneur vint à terme. Elles n'ont fait plutôt qu'ajouter à leur perte.(Surah Hud: 100-101)

C'est Allah qui a créé l'homme et qui lui donne son aspect physique et son côté spirituel. Il le laisse vivre un certain laps de temps, et ensuite Il le fera venir en Sa Présence en le faisant mourir. Allah crée l'homme et d'après le verset "Ne connaît-Il pas ce qu'Il a créé?" (Surat al-Mulk: 14), Il est le Seul qui le connaît et le reconnaît, qui l'éduque et pourvoit à ses besoins. Par conséquent, la seule véritable préoccupation de l'homme dans cette vie-ci doit être de déclamer la louange d'Allah, de Le supplier et de L'adorer. Pour la même raison, la révélation qu'Allah a communiquée aux gens par l'intermédiaire de Ses messagers (la paix soit sur eux) et la Sunna du Prophète Muhammad (la paix et le salut soient sur lui) constituent la seule guidance pour l'être humain.

Le Coran est l'ultime livre d'Allah et Sa parole inaltérée.

C'est pourquoi nous nous devons de considérer le Coran comme étant notre guide authentique, et de nous montrer extrêmement attentifs à tous ses commandements ainsi qu'à la Sunna du Prophète (pssl).

Nous avons donc l'obligation d'étudier le Coran attentivement et soigneusement, et de méditer sur ses versets. Dans le Coran, Allah spécifie clairement que Son livre a pour objectif de faire réfléchir les gens:

Ceci [le Coran] est un message pour les gens afin qu'ils soient avertis, qu'ils sachent qu'il n'y a qu'un Dieu unique, et pour que ceux qui sont doués d'intelligence se rappellent. (Surat Ibrahim: 52)

Les récits et informations relatifs aux peuples anciens, qui constituent une part non négligeable du Coran, sont certainement l'un des aspects sur lesquels nous devons nous attarder. La plupart de ces peuples ont rejeté les prophètes qui leur avaient été envoyés et, de plus, ils ont manifesté une hostilité sévère à leur égard. À cause de leur acrimonie, ils se sont attirés la colère d'Allah et ont été éradiqués de la surface de la terre.

Dans le Coran, Allah nous indique que ces cas de destruction doivent être considérés comme des avertissements pour les générations qui suivent. Par exemple, nous lisons dans le Coran, juste après la description du châtiment infligé à des Juifs qui s'étaient rebellés contre Allah:

Nous fîmes donc de cela un exemple pour eux-mêmes et pour les générations futures et une leçon pour ceux qui craignent Allah. (Surat al-Baqara: 66)

Dans le présent livre nous examinerons plusieurs exemples de sociétés du passé, qui ont été détruites pour rébellion à l'encontre d'Allah.

La seconde raison de l'examen de ces destructions est de montrer que ces événements mentionnés dans le Coran ont laissé des traces externes qui sont encore observables même de nos jours, preuve supplémentaire de l'authenticité du Livre. En effet, Allah nous certifie dans le Coran que Ses signes sont présents autour de nous:

Dis: "Louange à Allah! Il vous fera voir Ses signes et vous les reconnaîtrez"… (Surat an-Naml: 93)

Et le fait de les connaître et de les identifier est l'un des chemins fmenant à la foi.

Presque tous les cas de destruction relatés dans le Coran ont été répertoriés grâce à l'archivage des études réalisées et des fouilles archéologiques menées. Dans ce livre nous passerons en revue les traces relatives à quelques destructions évoquées dans le Coran.

Il faut noter que certaines communautés citées dans le Coran n'ont pas été passées en revue dans ce livre, parce que le Livre n'a pas précisé à quelle époque et dans quelle région du monde elles ont vécu, seul leur comportement rebelle et antagoniste vis-à-vis d'Allah et de Ses prophètes ayant été évoqué, de même que les châtiments qui les ont frappées. Leur exemple ne sert donc que pour que les gens en tirent des leçons.

LES GÉNÉRATIONS PASSÉES

Est-ce que l'histoire de ceux qui les ont précédés ne leur est pas parvenue: le peuple de Nuh, les 'Ad, les Thamud, le peuple d'Ibrahim, les gens de Madyan et les cités renversées? Leurs messagers leur avaient apporté des preuves évidentes. Ce ne fut pas Allah qui leur fit du tort, mais ils se firent du tort à eux-mêmes.(Surat at-Tawba: 70)

Le message divin, communiqué aux hommes par Allah par l'intermédiaire de Ses messagers, a été délivré depuis la création de l'être humain. Certaines sociétés ont accepté le pacte, tandis que d'autres l'ont rejeté. Occasionnellement, une minorité au sein d'une société a obéi à un prophète.

Mais la majorité des communautés qui ont reçu le message ne l'ont pas accepté. Non seulement la plupart des membres de ces communautés ont méprisé le message proclamé par le messager, mais ils ont de plus tenté de nuire au messager et à ses disciples. Les messagers ont généralement été scandaleusement accusés d'être des menteurs, des magiciens, des fous et des prétentieux, et de nombreux chefs ont même cherché à les tuer.

Pourtant, les prophètes ne souhaitaient obtenir de leurs peuples respectifs que leur obéissance à Allah. Ils ne leur ont demandé ni argent ni aucun autre bien matériel. De plus, ils n'ont aucunement cherché à obliger les gens à croire. Ils n'ont fait que les inviter à suivre la religion de vérité et à mener une vie conforme à la volonté d'Allah.

La réaction de la tribu de Shu'ayb envers ce dernier, qui les appelait simplement à croire en Allah et à abandonner les injustices qu'ils avaient coutume de commettre, ainsi que le sort qu'a connu ensuite cette tribu, donnent à réfléchir:

Et aux Madyanites Nous envoyâmes leur frère Shu'ayb. Il dit: "Ô mon peuple! Adorez Allah en toute humilité, vous n'avez point de Dieu autre que Lui, et ne trichez pas sur la mesure et le poids. Je vous vois heureux et bien portants et je crains pour vous les tourments d'une journée qui vous enveloppera de toutes parts. Ô mon peuple! Faites équitablement pleine mesure et plein poids, ne diminuez pas la valeur des gens et ne soyez pas sur terre des corrupteurs acharnés. Ce qui demeure auprès d'Allah est meilleur pour vous si vous êtes croyants! Et je ne suis pas un gardien pour vous!" Ils dirent: "Ô Shu'ayb! Est-ce que ta prière exige de toi que nous abandonnions ce qu'adorent nos pères ou que nous cessions d'agir dans nos biens à notre guise? C'est toi vraiment l'homme plein de sagesse et de bon sens!" Il dit: "Ô mon peuple! Que diriez-vous si je vous disais que je me fonde sur une preuve évidente émanant de mon Seigneur, et s'Il m'attribue de Sa part une excellente donation? Je ne veux nullement faire ce que je vous interdis. Je ne veux que vous réformer dans le bien, autant que possible. Et ma réussite ne dépend que d'Allah. En Lui je place ma confiance, et c'est vers Lui que je reviens, repentant." Ô mon peuple! Que votre répugnance et votre hostilité à mon égard ne vous entraînent pas à encourir les mêmes châtiments qui atteignirent le peuple de Nuh, le peuple de Hud, ou le peuple de Salih, et l'exemple du peuple de Loth n'est pas loin de vous! Et implorez le pardon de votre Seigneur et repentez-vous à Lui. Mon Seigneur est vraiment Très Miséricordieux et plein d'amour." Ils dirent: "Ô Shu'ayb, nous ne comprenons pas grand chose à ce que tu nous dis! Et vraiment nous te voyons parmi nous bien faible. S'il n'y avait pas eu ton clan, nous t'aurions sûrement lapidé et nous ne t'estimons pas!" Il dit: "Ô mon peuple! Mon clan est-il, à vos yeux, plus puissant qu'Allah à qui vous tournez ouvertement le dos? Mon Seigneur embrasse de Sa science tout ce que vous faites. Ô mon peuple! Agissez autant que vous voulez, moi aussi j'agis. Bientôt vous saurez sur qui tombera un châtiment qui le déshonorera, et qui de nous est l'imposteur. Et attendez la conséquence de vos actes! Moi aussi j'attends avec vous." Lorsque vint notre ordre, Nous sauvâmes, par une miséricorde de notre part, Shu'ayb et ceux qui avaient cru avec lui. Et le cri affreux saisit les injustes, et ils gisaient prosternés dans leurs demeures au petit matin, comme s'ils n'y avaient jamais prospéré. Loin de Nous, Madyan, tout comme ce fut le cas pour Thamud! (Surat Hud: 84-95)

Les Madyanites furent frappés par la colère d'Allah pour avoir comploté en vue de lapider Shu'ayb, qui n'avait rien fait d'autre que les exhorter au bien, et ils périrent comme indiqué dans les versets ci-dessus. Les Madyanites ne sont pas le seul exemple. Au contraire, comme Shu'ayb l'a remarqué tandis qu'il parlait avec son peuple, de nombreuses communautés du passé avaient péri. Après les Madyanites, beaucoup d'autres communautés furent aussi détruites par la colère d'Allah.

Dans les pages qui suivent, nous décrirons les communautés mentionnées précédemment, ainsi que les traces qui ont subsisté après leur passage. Dans le Coran, ces communautés sont décrites en détail et les gens sont invités à y réfléchir et à considérer les façons dont elles ont fini comme autant d'avertissements.

À ce propos, le Coran attire une attention particulière sur le fait que la majorité des communautés ayant été détruites avaient établi des civilisations brillantes. Dans le Coran, ce trait caractéristique de ces communautés est ainsi évoqué:

Combien avons-Nous fait périr, avant eux, de générations bien plus fortes en pouvoir qu'eux-mêmes? Ils ont vainement cherché où fuir, parcourant la terre ici et là. (Surat Qaf: 36)

Dans les versets coraniques, deux particularités des peuples ayant été anéantis sont mises en avant; la première est qu'ils étaient "bien plus forts en pouvoir". Ceci indique que ces communautés avaient établi des systèmes militaro-bureaucratiques disciplinés et puissants, et qu'un pouvoir totalitaire avait été imposé par la force sur tout un territoire. Le second point à souligner est que ces communautés avaient bâti de grandes cités se distinguant par leur architecture audacieuse.

Il est important de noter que ces deux caractéristiques se retrouvent bien dans la civilisation actuelle, qui a élaboré une culture mondiale par le biais de la technologie et de la science, et qui a fondé des états centralisés et d'énormes cités, tout en ignorant ou en rejetant Allah, oubliant que toutes ces réalisations étonnantes n'ont été possibles que par Son pouvoir. Mais, comme il est souligné dans les versets, ces civilisations n'ont pas pu échapper à la destruction, du fait même qu'en premier lieu elles rejetaient Allah et semaient la corruption sur terre.

Un nombre considérable de destructions de civilisations perverties, dont certaines ont été rapportées dans le Coran, ont été découvertes par l'intermédiaire de recherches archéologiques à l'époque moderne. Ces découvertes, qui fournissent des preuves pour les incidents cités dans le Coran sont pour nous autant d'avertissements, et Allah nous dit dans Son livre qu'il est nécessaire de parcourir la terre et de voir quelle a été la fin de ceux qui ont vécu avant nous:

Nous n'avons envoyé avant toi que des hommes originaires des cités, à qui Nous avons fait des révélations. N'ont-ils pas parcouru la terre et considéré quelle fut la fin de ceux qui ont vécu avant eux? La demeure de l'au-delà est assurément meilleure pour ceux qui craignent Allah. Ne raisonnerez-vous donc pas? Quand les messagers faillirent perdre espoir et que leurs disciples eurent pensé qu'ils étaient dupés, voilà que vint à eux Notre secours. Et furent sauvés ceux que Nous avons voulu sauver. Mais Notre rigueur ne saurait être détournée des malfaisants. Dans leurs récits il y a certes une leçon pour les gens doués d'intelligence. Ce Coran n'est pas un récit fabriqué. C'est au contraire la confirmation de ce qui existait déjà avant lui, un exposé de toute chose, un guide et une miséricorde pour des gens qui croient. (Surat Yusuf: 109-111)

En effet, il y a dans les récits sur les communautés passées des exemples pour les gens doués de compréhension. Ayant péri pour s'être rebellées contre Allah et pour avoir rejeté Ses commandements, ces communautés nous révèlent à quel point les êtres humains sont faibles et impuissants vis-à-vis d'Allah. Dans les pages qui vont suivre, nous examinerons ces exemples selon un ordre chronologique.

LE DÉLUGE DE NUH

Et en effet Nous avons envoyé Nuh vers son peuple. Il demeura parmi eux mille ans moins cinquante années. Puis le déluge les emporta alors qu'ils étaient dans un état d'injustice.(Surat al-Ankabut: 14)

Mentionné dans presque toutes les cultures, le déluge de Nuh (Noé) est l'un des exemples auxquels le Coran fait le plus souvent allusion. L'indifférence du peuple de Nuh face à ses conseils et avertissements, leurs réactions et la manière dont s'est déroulé leur châtiment sont abordés dans de nombreux versets.

Le Prophète Nuh fut envoyé pour avertir son peuple qui s'était détourné des versets d'Allah et Lui avaient même donné des associés, et pour les inciter à abandonner leur rébellion et à réemprunter la bonne voie, celle de l'adoration exclusive d'Allah. En dépit des appels répétés de Nuh et de ses avertissements contre le déclenchement de la colère d'Allah, son peuple persévéra dans l'erreur. Dans le Coran, la manière dont cette affaire s'est développée est ainsi décrite:

Nous avons certes envoyé Nuh vers son peuple. Il dit: "Ô mon peuple, adorez Allah, car vous n'avez pas d'autre divinité que Lui. Ne Le craignez-vous donc pas?" Alors les notables de son peuple qui avaient mécru dirent: "Celui-ci n'est qu'un être humain comme vous, voulant se distinguer à votre détriment. Si Allah avait voulu, ce sont des anges qu'Il aurait fait descendre. Jamais nous n'avons entendu cela chez nos ancêtres les plus lointains. Ce n'est, en vérité, qu'un homme atteint de folie, observez-le donc durant quelque temps." Il dit: "Seigneur! Apporte-moi Ton secours, car ils me traitent de menteur!" (Surat al-Mu'minun: 23-26)

Comme il ressort de ces versets, les chefs de la communauté essayèrent d'accuser Nuh de vouloir s'emparer du pouvoir, et par ailleurs ils essayèrent de le faire passer pour un 'possédé', et finalement ils décidèrent de patienter avec lui un moment, tout en maintenant une pression sur lui.

Sur ce, Allah dit au Messager Nuh de construire une arche puisque les malfaisants qui ont rejeté la foi seraient punis par la noyade, tandis que les croyants seraient sauvés.

Lorsque vint l'heure du châtiment, une eau abondante jaillit des entrailles de la terre et cela, combiné à une pluie torrentielle, causa un immense déluge. Allah dit à Nuh "d'embarquer un couple de chaque espèce ainsi que sa famille, sauf ceux contre qui le décret avait déjà été prononcé" (Surat al-Mu'minun: 27). Tous les êtres qui n'étaient pas à bord de l'Arche furent noyés, y compris le propre fils de Nuh, qui avait pensé pouvoir se réfugier sur une montagne avoisinante. Quand les eaux se retirèrent à la fin du déluge, le commandement divin ayant été mis à exécution, l'Arche demeura sur le Judi, c'est-à-dire en un lieu élevé, comme le Coran nous le précise.

Les études archéologiques, géologiques et historiques montrent que cet incident s'est bien déroulé comme le Coran l'a rapporté. Le déluge est aussi décrit de façon très similaire par plusieurs civilisations passées et dans de nombreux documents historiques, bien qu'il y ait des variantes dans les noms des protagonistes et des lieux impliqués, et tout ce qui est arrivé à un peuple dévié est présenté aux gens de notre époque comme étant un avertissement.

Mis à part l'Ancien et le Nouveau Testaments, le déluge est mentionné dans des récits sumériens et assyro-babyloniens, dans des légendes grecques, dans le Shatapatha, le Brahmana et le Mahabharata en Inde, dans certaines légendes galloises des Iles britanniques, dans des légendes scandinaves et lithuaniennes, et même dans certains récits chinois.

Comment une même information détaillée et pertinente a-t-elle pu être disséminée dans des régions aussi éloignées géographiquement et culturellement les unes des autres, et si loin de la région impliquée par le désastre?

La réponse est claire: le fait que le même incident soit répertorié chez différentes communautés ayant peu de possibilités de communiquer entre elles montre de toute évidence que ces peuples ont reçu ce savoir par une source divine. Il semble que le déluge, l'un des événements les plus destructeurs de l'histoire, a été évoqué par des prophètes suscités au sein de diverses civilisations, et ce pour avertir leurs peuples respectifs. C'est ainsi que le déluge s'est ancré dans la mémoire collective de cultures aussi diversifiées.

Par ailleurs, bien qu'ayant été rapportée dans de nombreuses cultures et sources religieuses, l'histoire du déluge et du Prophète Nuh a souvent été grandement altérée, s'écartant ainsi de la version originale à cause de la falsification des sources ou de la transmission incorrecte, et peut-être aussi à cause de mauvaises intentions. Une recherche honnête révèle que, parmi toutes les narrations sur le déluge, la seule description vraiment consistante et authentique est celle fournie par le Coran.

Le Prophète Nuh et le déluge dans le Coran

Le déluge de Nuh est mentionné dans de nombreux versets coraniques. Nous allons les citer ci-dessous en les classant selon la séquence des événements.

Le Prophète Nuh invite son peuple à la religion de vérité

Certes Nous avons envoyé Nuh vers son peuple. Il dit: "Ô mon peuple, adorez Allah car vous n'avez pas d'autre divinité que Lui. Je crains pour vous le châtiment d'un jour terrible." (Surat al-A'raf: 59)

Je suis pour vous un messager digne de confiance. Craignez donc Allah et obéissez-moi. Et je ne vous demande pas de salaire pour cela; mon salaire n'incombe qu'au Seigneur des mondes: craignez donc Allah et obéissez-moi. (Surat ash-Shuara: 107-110)

(Ensuite Nous avons envoyé une longue lignée de prophètes pour vous instruire). Nous avons envoyé Nuh à son peuple:. Il dit: "Ô mon peuple, adorez Allah, car vous n'avez pas d'autre divinité que Lui. Ne Le craignez-vous donc pas?" (Surat al-Mu'minun: 23)


Le Prophète Nuh avertit son peuple à propos du châtiment d'Allah

Nous avons envoyé Nuh vers son peuple: "Avertis ton peuple, avant que ne leur vienne un châtiment douloureux." (Surat Nuh: 1)

Et vous saurez bientôt à qui viendra un châtiment qui l'humiliera, et sur qui s'abattra un châtiment durable! (Surat Hud: 39)

Afin que vous n'adoriez qu'Allah. Je crains pour vous le châtiment d'un jour douloureux. (Surat Hud: 26)

La négation du peuple de Nuh

Les notables de son peuple dirent: "Nous te voyons dans un égarement manifeste." (Surat al-A'raf: 60)

Ils dirent: "Ô Nuh, tu as discuté avec nous et multiplié les discussions. Apporte donc ce dont tu nous menaces, si tu es du nombre des véridiques!" (Surat Hud: 32)

Et il se mit à construire l'Arche. Et chaque fois que des notables de son peuple passaient près de lui, ils se moquaient de lui. Il dit: "Si vous vous moquez de nous, eh bien, nous nous moquerons de vous comme vous vous moquez de nous." (Surat Hud: 38)

Alors les notables de son peuple qui avaient mécru dirent: "Celui-ci n'est qu'un être humain comme vous, voulant se distinguer à votre détriment. Si Allah avait voulu, ce sont des anges qu'Il aurait fait descendre. Jamais nous n'avons entendu cela chez nos ancêtres les plus lointains. Ce n'est, en vérité, qu'un homme atteint de folie, observez-le donc durant quelque temps." (Surat al-Mu'minun: 24-25)

Avant eux le peuple de Nuh avait crié au mensonge. Ils traitèrent Notre serviteur de menteur et dirent: "C'est un possédé!" Et il fut repoussé. (Surat al-Qamar: 9)

Leur mépris à l'égard de ceux qui suivirent le Prophète Nuh

Les notables de son peuple qui avaient mécru dirent alors: "Nous ne voyons en toi qu'un homme comme nous; et nous voyons que ce sont seulement les plus vils parmi nous qui te suivent sans réfléchir; et nous ne voyons en vous aucune supériorité sur nous. Plutôt nous pensons que vous êtes des menteurs!" (Surat Hud: 27)

Ils dirent: "Croirons-nous en toi, alors que ce sont les plus vils qui te suivent?" Il dit: "Je ne sais pas ce que ceux-là faisaient. Leur compte n'incombe qu'à mon Seigneur, si vous pouvez comprendre. Je ne suis pas celui qui repousse les croyants. Je ne suis qu'un avertisseur explicite." (Surat ash-Shu'ara': 111-115)

Allah rappelle à Nuh qu'il ne doit pas être chagriné

Et il fut révélé à Nuh: "De ton peuple, il n'y aura pas plus de croyants que ceux qui ont déjà cru. Ne t'afflige pas pour ce qu'ils font." (Surat Hud: 36)

Les invocations du Prophète Nuh

Tranche donc clairement entre eux et moi; et sauve-moi ainsi que ceux des croyants qui sont avec moi. (Surat ash-Shu'ara': 118)

Il invoqua donc son Seigneur: "Moi je suis vaincu. Fais triompher Ta cause." (Surat al-Qamar: 10)

Il dit: "Ô Seigneur! J'ai appelé mon peuple nuit et jour; mais mon appel n'a fait qu'accroître leur fuite." (Surat Nuh: 5-6)

Il dit: "Seigneur! Apporte-moi Ton secours, car ils me traitent de menteur!" (Surat al-Mu'minun: 26)

Nuh, en effet, fit appel à Nous qui sommes le Meilleur Répondeur qui exauçons les prières. (Surat as-Saffat: 75)

La construction de l'Arche

Et construis l'Arche sous Nos yeux et d'après Notre révélation. Et ne M'interpelle plus au sujet des injustes, car ils vont être noyés. (Surat Hud: 37)

La destruction du peuple de Nuh par la noyade

Et ils le traitèrent de menteur. Or, Nous le sauvâmes, lui et ceux qui étaient avec lui dans l'Arche, et Nous noyâmes ceux qui traitaient de mensonges Nos signes. C'étaient vraiment des gens aveugles. (Surat al-A'raf: 64)

Ensuite Nous noyâmes ceux qui étaient restés à l'arrière. (Surat ash-Shu'ara': 120)

Et en effet Nous avons envoyé Nuh vers son peuple. Il demeura parmi eux mille ans moins cinquante années. Puis le déluge les emporta alors qu'ils persistaient dans leur négation. (Surat al-Ankabut: 14)

Nous l'avons sauvé, lui et ceux qui étaient avec lui, par miséricorde de Notre part, et Nous avons exterminé ceux qui traitaient de mensonges Nos signes et qui n'étaient pas croyants. (Surat al- A'raf: 72)

Le châtiment frappe le fils de Nuh

Dans le Coran, Allah rapporte un dialogue entre Nuh et son fils, au début du déluge:

Et l'Arche vogua en les emportant au milieu des vagues semblables à des montagnes. Et Nuh appela son fils, qui restait en un lieu écarté: "Ô mon enfant, monte avec nous et ne reste pas avec les mécréants." Il répondit: "Je vais me réfugier sur un mont qui me préservera de l'eau." Et Nuh lui dit: "Il n'y a aujourd'hui aucun protecteur contre l'ordre d'Allah, tous périront sauf celui à qui Il fait miséricorde." Et les vagues s'interposèrent entre les deux, et le fils fut alors du nombre des noyés. (Surat Hud: 42-43)

Les croyants sont sauvés des eaux

Nous le sauvâmes donc, de même que ceux qui étaient avec lui dans l'arche, pleinement chargée (avec toutes les créatures). (Surat ash-Shu'ara': 119)

Puis Nous les sauvâmes, lui et les gens de l'Arche; et Nous en fîmes un signe pour les mondes. (Surat al-Ankabut: 15)

La nature physique du déluge

Nous ouvrîmes alors les portes du ciel à une eau torrentielle, et Nous fîmes jaillir de la terre des sources. Les eaux se rencontrèrent d'après un ordre qui était déjà décrété. Et Nous le portâmes sur une Arche faite de planches tenues par des fibres de palmiers. (Surat al-Qamar: 11-13)

Puis lorsque Notre commandement vint et que les fontaines de la terre firent jaillir leur eau, Nous dîmes: "Fais monter dans l'Arche un couple de chaque espèce ainsi que ta famille, sauf ceux contre qui le décret est déjà prononcé, et les croyants." Mais ceux qui avaient cru avec lui étaient peu nombreux. Et il dit: "Montez dedans. Que sa course et son mouillage soient au nom d'Allah. Certes mon Seigneur est Pardonneur et Très-Miséricordieux." Et elle vogua en les emportant au milieu des vagues semblables à des montagnes. Et Nuh appela son fils, qui restait en un lieu écarté: "Ô mon enfant, monte avec nous et ne reste pas avec les mécréants." (Surat Hud: 40-42)

Nous lui révélâmes: "Construis l'Arche sous Nos yeux et selon Notre révélation. Et quand Notre commandement viendra et que les fontaines de la terre feront jaillir leur eau, embarque sur elle un couple de chaque espèce et ta famille, sauf ceux contre qui le décret a déjà été prononcé; et ne t'adresse pas à Moi au sujet des injustes, car ils seront fatalement noyés." (Surat al-Mu'minun: 27)

L'ancrage de l'Arche en un lieu élevé

Et il fut dit: "Ô terre, absorbe ton eau! Et toi, ciel, retiens ta pluie!' L'eau baissa, l'ordre fut exécuté, et l'Arche s'installa sur le Mont Judi, et il fut dit: "Que disparaissent les pervers!" (Surat Hud: 44)

L'incident du déluge a valeur de leçon

C'est Nous qui, quand l'eau déborda, vous avons chargés sur l'Arche, afin d'en faire pour vous un rappel que toute oreille fidèle conserve. (Surat al-Haqqa: 11-12)

Le salut d'Allah à l'égard du Prophète Nuh

Paix et salut sur Nuh dans tout l'univers! Ainsi récompensons-Nous les bienfaisants. Il était, certes, un de Nos serviteurs croyants. (Surat as- Saffat: 79-81)

Le désastre du déluge était-il local ou de vaste envergure?

Ceux qui nient la réalité du déluge de Nuh avancent comme argument qu'une submersion de la terre entière est impossible. Toutefois, leur négation de tout déluge vise aussi à avancer une excuse pour leur mécréance. Le déluge est décrit dans le Coran, seul livre divin inaltéré, d'un point de vue différent de celui du Pentateuque et des légendes véhiculées par diverses cultures. Le Pentateuque, qui désigne l'ensemble des cinq premiers livres de l'Ancien Testament altéré, affirme que le déluge fut mondial. Cependant rien de semblable n'est exprimé dans le Coran et, bien au contraire, les versets relatifs à ce sujet montrent que le désastre fut régional, n'affectant que le peuple de Nuh.

Lorsqu'on compare les narrations du déluge dans l'Ancien Testament et dans le Coran, cette différence apparaît de façon flagrante. L'Ancien Testament, qui a subi de nombreuses altérations et des ajouts à travers l'histoire, si bien qu'il ne peut pas être considéré comme étant la révélation originale, décrit ainsi l'enchaînement des événements:

Et Dieu vit que la méchanceté de l'homme était grande sur la terre, et que chacune de ses pensées était déviée, ainsi que son cœur. Et le Seigneur regretta d'avoir placé l'homme sur la terre, et cela Le peina profondément. Et le Seigneur dit: "Je détruirai l'homme que J'ai créé à partir de cette terre; et Je détruirai à la fois l'homme et la bête, et la créature rampante tout comme celle qui vole dans les airs; car J'ai regretté de les avoir faits." Mais Nuh trouva grâce aux yeux du Seigneur. (Genèse, 6: 5-8)

Dans le Coran, cependant, il est spécifié sans ambiguïté que seul le peuple de Nuh a été détruit, et non le monde entier. Tout comme Hud fut envoyé au seul peuple de 'Ad (Surat Hud: 50) Salih au peuple de Thamud (Surat Hud:61) et tous les prophètes ayant précédé Muhammad à leurs peuples respectifs, Nuh ne fut suscité qu'auprès de son peuple, et le déluge n'a frappé que ce peuple:

Certes Nous avons envoyé Nuh à son peuple et il leur dit: "Je suis pour vous un avertisseur explicite, afin que vous n'adoriez qu'Allah. Je crains pour vous le châtiment d'un jour douloureux." (Surat Hud: 25-26)

Ceux qui ont péri étaient des gens qui n'avaient pas suivi le message transmis par leur prophète et s'étaient enfoncés dans la rébellion. À ce sujet, certains versets sont très explicites:

Et ils le traitèrent de menteur. Or, Nous le sauvâmes, lui et ceux qui étaient avec lui dans l'Arche, et Nous noyâmes ceux qui traitaient de mensonges Nos signes. C'étaient vraiment des gens aveugles. (Surat al-A'raf: 64)

Or Nous l'avons sauvé, lui et ceux qui étaient avec lui, par miséricorde de Notre part, et Nous avons exterminé ceux qui traitaient de mensonges Nos signes et qui n'étaient pas croyants. (Surat al- A'raf: 72)

De plus, dans le Coran, Allah rappelle qu'Il ne détruit pas une communauté sans avoir envoyé auprès d'eux un avertisseur. Et ce n'est qu'après que le messager a été traité de menteur que la destruction prend un sens. Allah déclare dans la sourate al-Qasas:

Ton Seigneur ne fait pas périr de cités avant d'y avoir envoyé un messager pour leur réciter Nos versets. Et Nous ne faisons périr les cités que lorsque leurs habitants pratiquent l'injustice. (Surat al-Qasas: 59)

Il est énoncé dans le Coran qu'Allah ne détruit pas un peuple sans l'avoir préalablement mis en garde. C'est pourquoi Allah n'a pas détruit les peuples contemporains de celui de Nuh à qui Il n'avait pas encore envoyé de messager.

C'est ainsi que nous sommes sûrs que le désastre a été régional, et non général. Les excavations creusées dans le cadre de recherches archéologiques, menées dans la région où le déluge est supposé avoir eu lieu, montrent que seule une partie de la Mésopotamie a été affectée, comme nous le verrons un peu plus loin.

Les animaux ont-ils tous été embarqués sur l'Arche?

Les exégètes de la Bible pensent que Nuh a fait monter à bord de l'Arche un couple de chaque espèce animale vivant à l'époque sur terre, sauvant ainsi les animaux de l'extinction.

Ceux qui défendent ce point de vue ont de sérieux défis à relever: celui de l'alimentation de tous ces animaux dans l'Arche, celui de leur hébergement à bord, et celui de leur séparation les uns par rapport aux autres. Par ailleurs, une épineuse question se pose: comment les animaux des différents continents ont-ils pu être rassemblés? Et également: comment ont-ils pu survivre hors de leur habitat naturel le temps qu'a duré le châtiment, et il se pose aussi le problème des animaux dangereux tels que les serpents et les scorpions.

Telles sont les questions auxquelles l'Ancien Testament altéré est confronté. Dans le Coran, rien ne dit que toutes les espèces animales de la terre ont eu des représentants à bord de l'Arche. Conformément à ce que nous avons dit plus haut, les animaux embarqués furent très probablement ceux de la région où résidait Nuh.

Ceci dit, c'est même évident qu'il est impossible de rassembler des spécimens de toutes les espèces animales vivant dans cette région-là. Il est presque impensable d'imaginer Nuh et ses quelques disciples partant dans toutes les directions afin d'effectuer une telle collecte. Il est encore plus improbable qu'ils aient pu prendre un couple de chaque espèce d'insectes, à supposer qu'ils aient déjà pu distinguer pour chacune le mâle de la femelle! C'est la raison pour laquelle on peut légitimement supposer que seuls les animaux facilement capturables ont été embarqués et nourris dans l'Arche, et que ces quelques animaux étaient surtout des animaux domestiques utiles à l'homme: moutons, chevaux, vaches, volailles et chameaux par exemple, car ceux-ci permettaient le redémarrage de la vie après le retrait des eaux et la destruction de tous les troupeaux.

Ici il est important de noter que l'un des exemples de la sagesse divine en ce commandement d'Allah de rassembler des animaux peut être davantage la préoccupation de rétablir une vie équilibrée immédiatement après la disparition du déluge que de sauver le genre animal en lui-même. D'ailleurs, puisque le châtiment ne s'était abattu que sur une seule région, l'extinction des races animales n'aurait pas pu se produire, et de plus il y aurait eu au cours du temps des migrations pour peupler l'espace vide consécutif au désastre, permettant de reconstituer peu à peu l'ancien cheptel. C'est donc en vue d'une reprise très rapide d'une vie normale que l'ordre de préserver des animaux a été donné.


Jusqu'à quelle hauteur les eaux se sont-elles élevées?

Une autre question relative au déluge et sujette à débat est de savoir si le niveau des eaux s'est suffisamment élevé pour recouvrir les montagnes. Comme il a été spécifié, nous apprenons du Coran que l'Arche s'est déplacée sur al-Judi, où elle est demeurée après le déluge. Le mot Judi fait généralement référence à un site montagneux spécifique, tandis que dans la langue arabe ce terme signifie "colline ou promontoire". Par conséquent on peut penser que dans le Coran Judi ne désigne pas une montagne particulière, mais indique seulement que l'Arche a été élevée par rapport au niveau des plaines. De plus, le terme Judi n'implique pas que les eaux soient nécessairement montées jusqu'au niveau des montagnes, il signifie seulement que leur niveau a monté. Ce qui est encore une preuve que la terre entière n'a pas été submergée, contrairement à ce qu'affirme l'Ancien Testament, mais que les eaux ont simplement recouvert une région.

La localisation du déluge de Nuh

Les plaines mésopotamiennes sont souvent citées pour avoir probablement été le théâtre du déluge. Cette région du monde est le berceau des plus anciennes civilisations connues. De plus, étant située entre le Tigre et l'Euphrate, cette région géographique est sujette à des risques d'inondations. Le déluge a ainsi pu comporter un débordement simultané de ces deux fleuves.

La seconde raison de la probable localisation du déluge dans cette région est historique. En effet, des écrits provenant de plusieurs civilisations de la région mentionnent l'occurrence d'un déluge contemporain à ces civilisations. Ayant été témoins de ce grandiose événement et de l'éradication du peuple de Nuh, les gens de cette époque ont ressenti le besoin de consigner par écrit les détails de ce cataclysme et de ses conséquences. Il est un fait connu que la plupart des légendes relatives au déluge sont d'origine mésopotamienne. Mais ce qui est plus important pour nous, ce sont les découvertes archéologiques. Celles-ci montrent en effet qu'un déluge de grande envergure a frappé cette région. Comme nous le verrons en détail dans les pages qui suivent, ce déluge a suspendu le cours de la civilisation pendant un certain temps. Dans les excavations, les traces apparentes d'un tel sinistre ont été mises à jour.

Ces excavations montrent que la Mésopotamie a subi au cours de son histoire divers désastres consécutifs à des déluges et aux crues du Tigre et de l'Euphrate. Par exemple, il y a environ 4000 ans, au temps de Ibbi-Sin, qui gouvernait la nation de Ur située au sud de la Mésopotamie, une année est connue comme "venant après un déluge qui avait anéanti les frontières entre les cieux et la terre".1 Vers 1700 avant Jésus-Christ, au temps du babylonien Hammourabi, une année est connue comme étant celle où s'était produite la catastrophe de "la destruction de la cité d'Eshnunna par un déluge".

Au 10ème siècle avant Jésus-Christ, au temps du roi Nabu-mukin-apal, un déluge s'abattit sur la cité de Babylone.2 Aux 7ème, 8ème, 10ème, 11ème et 12ème siècles de l'ère chrétienne, d'importants déluges frappèrent la même région. Et au 20ème siècle, ces catastrophes se renouvelèrent en 1925, 1930 et 1954.3 Il est donc clair que la région a toujours été sujette aux calamités causées par les eaux et, comme il est indiqué dans le Coran, il n'est pas impossible qu'un sinistre plus important que les autres ait pu anéantir tout un peuple.

Les preuves archéologiques du déluge de Nuh

Il n'est pas surprenant qu'aujourd'hui nous découvrions les traces des communautés dont le Coran nous dit qu'elles ont été détruites. L'archéologie vient confirmer le fait que plus une communauté disparaît brusquement, plus il est probable que nous puissions exhumer certains de ses vestiges.

Dans le cas de la disparition soudaine d'une civilisation, par exemple suite à un cataclysme naturel, ou à un exode massif pour cause de guerre, les traces de la civilisation en question pourront être bien mieux préservées. Les maisons et les outils de la vie quotidienne sont en effet recouverts par la terre en un laps de temps assez court; ils se trouvent ainsi préservés pour de très longues périodes, non altérés par la main des hommes, et ils fournissent des renseignements abondants sur le passé lorsqu'ils sont mis à jour par les archéologues.

C'est ainsi que de nombreuses traces du déluge de Nuh ont été découvertes de nos jours. On estime que cette catastrophe remonte environ au 3ème millénaire avant Jésus-Christ, toute une civilisation a disparu brutalement et plus tard une toute nouvelle civilisation a vu le jour à sa place. Les preuves du déluge ont donc été préservées pendant des milliers d'années, pour nous servir d'avertissement.

Nombreuses ont été les recherches menées dans les plaines de Mésopotamie afin d'en savoir plus sur le déluge. Ainsi, les vestiges de quatre grandes cités ont permis de révéler les traces de ce qui a été une inondation majeure. Ces cités étaient les plus grandes de Mésopotamie: Ur, Erech, Kish et Shuruppak.

Ces quatre villes auraient été submergées par les eaux vers le 3ème millénaire avant Jésus-Christ.

Examinons d'abord le cas des fouilles menées dans la cité d'Ur.

Les plus anciens vestiges d'une civilisation mis à jour lors des fouilles menées dans cette cité, sur laquelle est bâtie la ville actuelle de "Tell al-Muqayyar", remontent à près de 7000 ans avant Jésus-Christ. Plusieurs cultures se sont succédées dans cette région où diverses populations se sont installées au cours de l'histoire.

Les archéologues ont réussi à montrer qu'une rupture de civilisation s'est produite suite au déluge, et qu'ensuite de nouvelles civilisations ont émergé plus tard. R. H. Hall, du British Museum, a entrepris les premières fouilles en ce lieu. Leonard Woolley, qui assuma la direction des fouilles après Hall, dirigea des recherches communes entreprises conjointement par le British Museum et l'Université de Pennsylvanie. Les fouilles conduites par Woolley, et qui eurent un retentissement mondial, durèrent de 1922 à 1934.

Les fouilles de Sir Woolley se sont déroulées au milieu du désert entre Bagdad et le Golfe Persique. Les fondateurs de la cité d'Ur étaient un peuple venu du Nord de la Mésopotamie et qui se surnommaient eux-mêmes "Ubaidiens". Assez rapidement, des informations furent rassemblées sur ce peuple. Les découvertes réalisées par Woolley sont ainsi décrites par l'archéologue allemand Werner Keller:

"Les tombes des rois d'Ur", c'est ainsi que Woolley, grisé par sa joie de les avoir découvertes, avait surnommé les tombes de nobles Sumériens dont l'authentique splendeur avait été exposée au grand jour lorsque les pioches des archéologues avaient attaqué un tumulus à quinze mètres au sud du temple, permettant de mettre à jour une longue rangée de tombes surmontées de pierres. Ces caveaux de pierre renfermaient de véritables trésors, car ils étaient remplis de gobelets coûteux, de cruches et de vases magnifiquement façonnés, de vaisselle de bronze, de mosaïques de perles, de lapis-lazuli et d'argent entourant ces corps moisis dans la poussière. Des harpes et des lyres reposaient adossés aux murs. Il écrivit plus tard dans son journal personnel: "Presqu'immédiatement des découvertes furent réalisées, qui confirmèrent nos hypothèses. Directement sous le sol d'une tombe royale, nous avons trouvé de nombreuses tablettes en argile au milieu de cendres de bois brûlé, qui comportaient des caractères d'un type beaucoup plus ancien que celui des caractères figurant sur les tombes. À en juger par la nature de l'écriture, ces tablettes pourraient remonter à environ 3000 ans avant Jésus-Christ. Elles seraient donc antérieures de deux ou trois siècles à celles des tombes."

Les puits de fouille devinrent de plus en plus profonds. De nouvelles couches, comportant des fragments de jarres, de poteries et de bols, continuèrent à être exhumés. Les experts remarquèrent que les poteries changeaient peu d'une couche à l'autre. Elles avaient exactement la même apparence que les vestiges trouvés dans les tombes royales. Par conséquent, il semblait que pendant des siècles la civilisation sumérienne n'avait pas subi de changement radical. Ainsi ils avaient atteint très tôt un niveau de développement étonnamment élevé.

C'est alors qu'après plusieurs jours de travail les ouvriers de Woolley appelèrent ce dernier: "Nous avons découvert une nouvelle couche." Il se rendit au fond du puits pour en avoir le cœur net. Sa première pensée fut: "Nous y sommes enfin." Il s'agissait de sable, de sable pur d'un genre qui ne pouvait avoir été déposé que par de l'eau.

Ils décidèrent de continuer à creuser le puits encore plus profondément. Les pelles et les pioches retournèrent de nouveau le sol: un mètre, deux mètres, et toujours la même couche de vase pure. Soudain, à trois mètres de profondeur, la couche de vase cessa aussi brutalement qu'elle avait commencé: de nouvelles traces d'un habitat humain venaient d'être mises en évidence; mais la qualité de la poterie s'était considérablement altérée. Ici, elle avait été fabriquée par les seules mains de l'homme, sans instruments. On ne trouva aucune présence de métal. Les seuls outils exhumés là étaient de très primitifs silex taillés. Ils remontaient sans doute à l'Âge de pierre!

Le déluge était la seule explication possible de ce grand dépôt d'argile découvert sous cette colline à Ur, qui séparait clairement deux époques de civilisation humaine. La mer avait laissé ses traces indélébiles sous la forme de petits organismes marins incrustés dans la boue.4

Les analyses microscopiques ont révélé que ce grand dépôt de boue argileuse sous la colline d'Ur s'est accumulé à la suite d'une submersion si forte que toute l'ancienne civilisation sumérienne a dû être emportée. L'épopée de Gilgamesh et l'histoire de Nuh se trouvaient ainsi réunies dans ce puits creusé profondément sous le désert iraqien.

Max Mallowan a rapporté les pensées de Leonard Woolley, qui a dit qu'une aussi énorme masse d'alluvions formée en une seule fois ne peut être le résultat que d'une gigantesque inondation. Woolley a également décrit la couche séparant la cité sumérienne d'Ur de la cité d'Al-Ubaid, dont les habitants utilisaient de la poterie peinte, comme étant un vestige de déluge.5

Ces recherches ont ainsi permis de montrer que la cité d'Ur s'est trouvée au cœur du déluge. Werner Keller a exprimé l'importance des excavations susmentionnées en disant que la mise à jour des restes d'une cité sous une couche de boue prouve qu'une inondation dévastatrice a eu lieu à cet endroit.6

Une autre cité mésopotamienne porteuse des traces du déluge est "Kish des Sumériens", qui correspond à la ville actuelle de Tall Al-Uhaimer. Selon d'anciennes sources sumériennes, cette cité a été le "berceau de la première dynastie post-diluvienne".7

La cité de Shuruppak, au sud de la Mésopotamie, qui correspond à la ville actuelle de Tall Fa'rah, recèle aussi des traces apparentes d'un déluge. Les études archéologiques dans cette cité ont été menées par Erich Schmidt, de l'Université de Pennsylvanie, entre 1920 et 1930. Des fouilles ont permis d'y mettre à jour trois couches porteuses de restes d'habitations appartenant à une période comprise entre la lointaine préhistoire et la troisième dynastie d'Ur (2112-2004 avant Jésus-Christ). Les découvertes les plus significatives ont été les ruines de maisons bien construites ainsi que des tablettes portant des caractères cunéiformes et à caractère administratif, indiquant qu'une société hautement développée existait déjà là vers la fin du 4ème millénaire avant Jésus-Christ.8

Ce qui est important, c'est que le désastre du déluge semble s'être produit dans cette cité vers 3000-2900 avant Jésus-Christ. D'après ce qui a été rapporté par Mallowan, Schmidt a atteint, à 4-5 mètres sous la terre une couche jaunâtre (formée par le déluge) composée d'un mélange de sable et d'argile. Schmidt a défini cette couche argilo-sableuse, qui datait de l'époque de l'Ancien Royaume de Cemdet Nasr, comme étant "d'origine fluviale", et devant être associée au déluge de Nuh.9

Probablement, la cité de Shuruppak fut aussi affectée que les autres cités par le déluge, et les indices découverts le font donc remonter au début du 3ème millénaire avant Jésus-Christ.10

Le dernier endroit qui semble avoir été affecté par le déluge est la cité d'Erech, au sud de Shuruppak, connue aujourd'hui sous le nom de Tall Al-Warka. Une couche de boue y a été mise en évidence, à l'instar des autres cités, dont l'ancienneté est semblable aux autres couches du même type découvertes ailleurs.11

Il est un fait bien connu que le Tigre et l'Euphrate traversent la Mésopotamie d'un bout à l'autre. Il semble que, durant les événements diluviens, ces fleuves ainsi que de nombreux points d'eau et rivières débordèrent et que, ces eaux s'ajoutant aux eaux de pluie, cela engendra une catastrophe sans précédent. Allah décrit dans le Coran cette conjonction des eaux:

Nous ouvrîmes alors les portes du ciel à une eau torrentielle, et Nous fîmes jaillir de la terre des sources. Les eaux se rencontrèrent d'après un ordre qui était déjà décrété. (Surat al-Qamar: 11-12)

Lorsque les causes secondaires du déluge sont examinées une par une, toutes apparaissent comme étant des phénomènes tout à fait naturels. Ce qui a rendu l'événement extraordinaire, c'est leur occurrence simultanée, et faisant suite justement aux avertissements lancés par Nuh.

L'établissement en différents lieux de preuves relatives à l'existence du déluge a permis d'estimer la superficie affectée par le désastre: environ 160 km d'ouest en est, sur 600 km du nord au sud. Cela revient à dire que toutes les plaines mésopotamiennes ont été touchées. Lorsque nous citons les cités de Ur, Erech, Shuruppak et Kish dans cet ordre-là, nous nous apercevons qu'elles sont situées le long d'une même route. Par conséquent, les environs de ces villes ont dû être également inondés. Il faut par ailleurs noter que vers 3000 avant Jésus-Christ, la structure géographique de la Mésopotamie différait de celle d'aujourd'hui; à cette époque-là, le lit de l'Euphrate passait plus à l'est que de nos jours, et cet ancien cours passait à proximité des quatre cités susmentionnées. Avec l'ouverture des "sources de la terre et du ciel", il semble que le fleuve Euphrate soit sorti de son lit et ait pu détruire ces villes.

Religions et cultures mentionnant le déluge

L'existence du déluge a été mentionnée à presque tous les peuples par l'intermédiaire des prophètes communiquant la religion de vérité, mais ce fait historique a été ensuite transformé en légendes par ces différentes communautés, qui ont corrompu l'histoire et effectué des ajouts.

Allah a communiqué aux humains des informations concernant le déluge de Nuh par l'intermédiaire de Ses messagers et livres, suscités auprès de diverses communautés à titre d'exemple et d'avertissement. Cependant, à chaque fois que les textes divins ont été altérés, les descriptions du déluge se sont trouvées entremêlées d'apports mythologiques. Seul le Coran résiste à l'épreuve des faits empiriquement observables. Et ce parce qu'Allah est le gardien de ce Livre, le préservant de toute corruption et ne permettant pas que même le plus petit changement y soit apporté. Le Coran est ainsi placé sous la protection spéciale d'Allah:

En vérité c'est Nous qui avons fait descendre le message, et c'est Nous qui en sommes le Gardien. (Surat al-Hijr: 9)

Dans la dernière partie de ce chapitre relatif au déluge, nous allons voir comment cet événement a été décrit, bien qu'avec plusieurs déformations, dans différentes cultures ainsi que dans les Ancien et Nouveau Testaments.